Alerte communautaire : Orientations techniques du PEPFAR face à la COVID-19

MPact suit attentivement l’évolution de la situation liée à la COVID-19, particulièrement l’impact sur les hommes homosexuels, bisexuels et autres, ayant des rapports sexuels avec des hommes. MPact a déjà produit des courtes notes d’information avec des ressources à l’appui sur divers sujets, notamment : des conseils pour les militants LGBTI, le sexe et la santé sexuelle, rester en bonne santé malgré la distance physique et le confinement, des conseils pour les professionnels de la santé au service des communautés LGBTI pendant la COVID-19, la défense des droits de l’homme et la COVID-19 : Considérations à destination des militants LGBTIdéclaration conjointe avec l’ONUSIDA sur la discrimination au temps de la COVID-19 et l’inclusion des personnes LGBTI dans l’effort de réponse face à la COVID-19. Restez connectés pour être informés de nos mises à jour et consultez toutes nos ressources sur la COVID-19 en suivant ce lien.


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La pandémie de COVID-19 a changé toutes les facettes de notre monde. Nous commençons seulement à comprendre l’impact qu’elle aura sur les communautés que nous servons, notamment sur la possibilité de recevoir des fonds d’institutions multilatérales et bilatérales telles que le United States President’s Emergency Plan For AIDS Relief (PEPFAR) et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme (le Fonds mondial). MPact s’engage à informer régulièrement ses partenaires pendant cette situation en rapide évolution en fournissant des informations actualisées sur les décisions clés prises par ces deux principaux fonds qui interviennent dans la lutte mondiale contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

Le PEPFAR et le Fonds mondial sont tous deux conscients des défis extraordinaires auxquels les pays sont confrontés en raison de la pandémie de COVID-19. L’impact du virus est très étendu ; cependant, les personnes appartenant à des groupes marginalisés ou défavorisés, obtenant déjà de moins bons résultats en matière de soins de santé, sont souvent touchées de manière disproportionnée par les conséquences plus larges de la pandémie. La prévention et l’endiguement rapide de la COVID-19 est une priorité pour minimiser l’impact négatif sur les systèmes de santé, ainsi que sur les services aux personnes vivant avec le VIH (PVVIH) et aux personnes qui ont besoin de services de prévention du VIH, en particulier les populations-clés. Le PEPFAR s’engage à soutenir les réponses des gouvernements face à la COVID-19 en tirant parti des ressources existantes du PEPFAR afin que les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) obtiennent les meilleures prises en charge possibles malgré le contexte de tension des systèmes de santé.

MPact a effectué une analyse approfondie des Orientations techniques du PEPFAR. Nous soulignons dans le résumé ci-dessous les 10 principales mises à jour pour les populations-clés visant à assurer l’accès au traitement, aux soins et au soutien du PEPFAR face au VIH pendant la COVID-19, y compris les recommandations du PEPFAR, ainsi que les éléments manquants que les communautés de populations-clés doivent surveiller.

« Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19 »

Le PEPFAR est le plus grand programme de santé mondial des États-Unis. Les responsables de sa mise en œuvre et les bénéficiaires du programme s’interrogent quant à l’approche du PEPFAR pour soutenir la lutte contre le VIH tout en s’adaptant au nouveau paysage de la pandémie de COVID-19.

Afin d’apporter des éclaircissements en cette période de changement rapide, le programme a publié les « Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19 ». Ce document affirme que le PEPFAR s’engage à poursuivre les services essentiels de prévention et de traitement du VIH, tout en garantissant un environnement sûr aux clients et au personnel. (Notez que ce document est continuellement mis à jour, consultez-le donc régulièrement pour obtenir les nouvelles mises à jour – cette analyse correspond à la version qui a été mise à jour pour la dernière fois le 15/05/2020).

Le PEPFAR s’engage à respecter les quatre « Principes directeurs » suivants pour la prestation de services dans les pays qu’il soutient pendant la pandémie de COVID-19 :

  • Protéger les acquis de la lutte contre le VIH ;
  • Assurer la sécurité du personnel soutenu par le PEPFAR, notamment en adaptant les services aux clients afin qu’ils puissent être fournis en toute sécurité ;
  • Réduire le risque de transmission de la COVID-19 parmi les clients servis par le PEPFAR et le personnel soutenu par le PEPFAR ;
  • Donner aux unités opérationnelles du PEPFAR l’autonomie nécessaire pour déterminer la meilleure façon de continuer à servir les clients des services de prévention et de traitement du VIH dans les zones touchées par la COVID-19.

10 Mises à jour essentielles pour les populations-clés :

1.   Décentraliser les services aux populations-clés

Quoi : Les services aux populations-clés doivent être décentralisés et relocalisés autant que possible en dehors des infrastructures sanitaires, au profit des plateformes communautaires. Cela garantira la continuité d’accès pour les populations-clés au traitement, à la PrEP, aux tests de charge virale et à d’autres soins pendant la période de la COVID-19[1].

Pourquoi : Les visites dans les établissements de santé doivent être limitées à celles qui sont médicalement essentielles. En réduisant au minimum les contacts des patients avec les établissements de santé pendant la COVID-19, les risques sont réduits pour les bénéficiaires des soins et la charge de ces établissements est allégée[2].

Comment : Le PEPFAR s’engage à octroyer aux programmes en faveur des populations-clés l’autonomie nécessaire pour déterminer la meilleure façon de continuer à servir les clients des services de prévention et de traitement du VIH de manière décentralisée[3] (voir la section ci-dessous sur l’utilisation de la technologie). Certains autres services, tels que la distribution de médicaments, nécessiteront des adaptations spécifiques. Le PEPFAR émet des suggestions, notamment : des livraisons à domicile par des groupes de pairs, des horaires de ramassage dans les pharmacies, des casiers automatisés comme infrastructures de ramassage supplémentaires à l’extérieur des hôpitaux et des ramassages communautaires organisés par des groupes au sein de la population-clé[4] (pour plus d’informations, voir p. 9-10 des Orientations techniques).

[1] p. 28, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[2] p. 3 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[3] p. 3 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[4] p. 9-10 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

2.    Recours à la technologie et aux approches virtuelles

Quoi : Les programmes du PEPFAR à destination des populations-clés doivent recourir aux approches virtuelles, y compris aux médias sociaux, au téléphone, aux SMS et aux méthodes alternatives de communication afin que les soignants et les pairs puissent assurer la continuité des services essentiels pour les populations-clés.

Pourquoi : Le déplacement des programmes à destination des populations-clés vers les espaces en ligne contribue à réduire les risques pendant la période de la COVID-19. Les pratiques de distanciation sociale contribuent à « aplatir la courbe » de la pandémie en réduisant la propagation du virus et en allégeant le fardeau des systèmes de santé.

Comment : Les communautés des populations-clés ont fait preuve d’une grande créativité en développant des espaces de soutien en ligne dans la lutte contre le VIH, bien avant la COVID-19. Bien qu’il soit impossible de reproduire complètement la chaleur des groupes de soutien communautaire physiques et des réseaux de pairs, les plateformes numériques telles que Facebook, Instagram, les SMS, WhatsApp et autres peuvent être utilisées pour maintenir les liens au sein de la communauté, et entre les fournisseurs, les travailleurs communautaires et la communauté qu’ils servent. Les plateformes numériques sont également essentielles pour partager des actualités pertinentes relatives aux évolutions des services, car les responsables continuent à ajuster et adapter la lutte contre le VIH pendant la COVID-19.

3.  Utiliser les mécanismes de retour d’information du PEPFAR pour documenter les expériences des populations-clés

Quoi : Le PEPFAR s’engage à obtenir les commentaires des populations-clés sur leurs expériences relatives aux ajustements apportés par le PEPFAR dans le cadre de la lutte contre le VIH pendant la pandémie de COVID-19.

Pourquoi : La COVID-19 perturbe les méthodes de travail normales dans toute la lutte contre le VIH. Or, toute interruption des services de lutte contre le VIH parmi les populations-clés a un impact exponentiel, poussant des groupes déjà vulnérables encore plus loin dans l’instabilité économique et augmentant le risque de stigmatisation et de violence personnelle. Par exemple, alors que les modèles traditionnels de sensibilisation par les pairs sont temporairement interrompus au profit d’approches numériques (voir ci-dessus), il existe un risque que les populations-clés tombent dans les failles du système.

Comment : Tous les cas où les populations-clés sont laissées pour compte, en particulier en cas d’obstacles à la prestation de services liés au VIH, doivent être documentés et signalés. Le suivi de ces questions permettra au PEPFAR de mieux comprendre et traiter les problèmes qui s’en suivent.

    • Déposez un rapport civil directement auprès du bureau de coordination via le mécanisme de contribution/rétroaction des organisations de la société civile du PEPFAR ici.
    • Consultez votre président de bureau de coordination
4. Mettre en relation les populations-clés avec les services de lutte et de prévention contre la violence

Quoi : Les programmes destinés aux populations-clés doivent garantir la mise en place d’un système permettant de suivre les cas de violence liés aux populations-clés et de mettre les clients en contact avec les services de prévention de la violence, de signalement et d’hébergement[1].

Pourquoi :La distanciation sociale ainsi que les mesures de fermeture et de confinement physique visant à contenir la propagation de la COVID-19 pourraient également accroître le risque d’isolement des populations-clés parmi des personnes homophobes, transphobes et/ou violentes. La COVID-19 peut augmenter les risques pour les communautés de populations-clés sous plusieurs aspects, notamment par l’incertitude économique, l’interruption des services de lutte contre le VIH, le fait de faire des communautés LGBT et des populations-clés des boucs émissaires dans la propagation de la COVID-19, augmentant ainsi le potentiel de stigmatisation et de violence personnelle (lire ici la présentation de MPact sur ce sujet). L’interruption des activités régulières (travail, école, etc.), la réduction des opportunités économiques (y compris le travail du sexe) et la mobilité géographique réduite laissent peu de possibilités, d’options ou d’espaces aux populations-clés pour assurer leur propre sécurité physique, ce qui les place dans des environnements à haut risque. La violence interpersonnelle, y compris la violence catalysée par la stigmatisation de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, est un facteur de risque légitime, car elle accentue encore le comportement à risque résultant de l’insécurité économique.

Comment : Comme première option, le PEPFAR recommande de partager les contacts locaux des intervenants qui peuvent répondre aux questions liées à la violence sexiste[2]. MPact recommande que, si ces ressources n’existent pas encore sous une forme adaptée aux populations-clés, les réseaux communautaires commencent par développer des protocoles de communication que les personnes pourraient joindre en toute sécurité afin d’avertir les autres qu’elles sont en danger. Les organisations communautaires et les individus confrontés à des violations des droits de l’homme peuvent également signaler des cas directement à MPact, en ligne, en utilisant notre outil d’évaluation et de documentation des incidents.

Pour en savoir plus : https://bit.ly/2YDYHwv

[1] [1] p. 22, 29. Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[2] p. 22 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

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5.    Augmenter la délivrance plurimestrielle de médicaments (PrEP et traitement)

Quoi : Le PEPFAR renforce la distribution de médicaments sur plusieurs mois et la fourniture décentralisée de traitements antirétroviraux (TARV) et de prophylaxie pré-exposition (PrEP)[1]. Les personnes sous traitement anti-VIH recevront un approvisionnement de 3 à 6 mois de TARV, tandis que les personnes sous PrEP recevront un approvisionnement mensuel ou de 3 mois de médicaments[2].

Pourquoi : La délivrance plurimestrielle s’inscrit directement dans les priorités du PEPFAR dans le cadre de la réponse à la COVID-19, car elle permet la réduction de l’encombrement des établissements de santé et le maintien des acquis de la lutte contre le VIH (notamment les interruptions du traitement du VIH).  La délivrance plurimestrielle est une bonne nouvelle pour les populations-clés, en particulier celles pour lesquelles l’insécurité économique, l’instabilité sociale et la crainte de la stigmatisation dans les cliniques rendent difficile le renouvellement périodique et à court terme des médicaments. L’accès à plusieurs mois de médicaments en une seule fois permet de réduire le risque d’interruption du traitement, en particulier pour les populations mobiles. La PrEP est une intervention vitale pour toutes les populations-clés, et un accès ininterrompu est essentiel pour la sécurité des personnes et l’efficacité du traitement.

Comment :  , En s’assurant, à mesure que le programme de délivrance plurimestrielle se développer dans votre environnement, que les communautés des populations-clés soient incluses et puissent avoir accès à plusieurs mois de traitement et/ou de médicaments de PrEP en une seule fois.  Cela inclut des options virtuelles pour les rendez-vous avec les prestataires de soins de santé, l’utilisation des SMS pour les renouvellements d’ordonnances et la livraison des médicaments dans la communauté. Les activités de création de la demande, de dispense et de soutien à l’adhésion à la PrEP doivent se poursuivre, mais les rencontres physiques doivent être interrompues, pour évoluer plutôt vers des plateformes « sans contact » ou à « contact limité » (voir la section ci-dessus sur l’utilisation de la technologie)[3].

[1] p. 3 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[2] p. 7, 22 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[3] p. 23-24. Notez cependant que les Orientations techniques du PEPFAR indiquent également que « la distribution communautaire et le soutien à l’adhésion en petits groupes (moins de 10 personnes présentes à tout moment) à la PrEP peuvent aider les personnes et ne devraient pas représenter un fardeau pour le système de soins de santé ».

6. Garder un œil sur les nouveaux protocoles de test (levée de l’interdiction des tests d’index et kits d’autotest)

Quoi : Le PEPFAR a procédé à deux mises à jour majeures au sujet des tests concernant les populations-clés :

    • Le PEPFAR a levé l’arrêt sur les tests d’index pour les populations-clés[1].

*Le test d’index, également appelé « services de notification assistée des partenaires », est une stratégie de recherche des cas de VIH qui permet de suivre les contacts des personnes positives et de s’assurer qu’elles sont également testées. MPact a précédemment publié un avis à la communauté et a écrit une lettre ouverte au PEPFAR, soulevant des préoccupations éthiques concernant les violations des droits dans le cadre du test d’index, y compris des rapports mentionnant que des centres de santé retiennent les médicaments contre le VIH jusqu’à ce que les personnes diagnostiquées séropositives révèlent l’identité de leurs partenaires sexuels. En réponse, le PEPFAR a temporairement interrompu les tests d’index pour les populations-clés.

    • Le PEPFAR encourage la distribution aux personnes nouvellement diagnostiquées de kits d’autotest du VIH, qu’elles peuvent transmettre à leurs partenaires sexuels[2]. Les partenaires peuvent utiliser le kit pour s’auto-dépister, et seules les personnes les plus susceptibles d’avoir le VIH se rendront ensuite à la clinique pour un test de confirmation du VIH[3].

Pourquoi :

    • Le test d’index a été rétabli pour les populations-clés car le PEPFAR est maintenant convaincu que des normes minimales pour les services de dépistage du VIH sont en place, et il travaille avec les équipes nationales pour s’assurer que :
    1. a) l’approvisionnement sur site des services de dépistage du VIH atteint les normes minimales, ou
    2. b) les sites sont mis aux normes des services de dépistage du VIH.
    • La distribution de kits d’autotest du VIH soutient les efforts en cours pour le dépistage du VIH, tout en évitant l’encombrement inutile des sites cliniques pendant la période de risque liée à la COVID-19.

Comment : Le dépistage est crucial dans le cadre d’une lutte efficace contre le VIH, et il est essentiel que des modifications soient apportées pour que celui-ci se poursuive pendant la réponse à la COVID-19.  Cependant, les programmes à destination des populations-clés doivent surveiller attentivement les tests d’index et rapporter les incidents indésirables.

Si vous avez des questions ou des préoccupations concernant le test d’index ou si vous avez un incident à signaler au PEPFAR :

    • Déposez un rapport civil directement auprès du bureau de coordination via le mécanisme de contribution/rétroaction des organisations de la société civile du PEPFAR ici.
    • Consultez votre président de bureau de coordination

[1] p. 29, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[2] p. 14, 15, 28. Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[3] p. 15, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

7.  Préserver le rôle des communautés dans les programmes à destination des populations-clés

Quoi : Aujourd’hui plus que jamais, les réseaux communautaires des populations-clés sont essentiels à la sécurité et à l’efficacité des programmes qui leur sont destinés. Les orientations techniques du PEPFAR recommandent que les programmes utilisent les réseaux et les programmes communautaires existants afin d’assurer la continuité des services essentiels aux populations-clés, notamment : l’initiation et le renouvellement de la PrEP, la fourniture de kits d’autotest du VIH et les services de ramassage et de livraison[1].

Pourquoi : Dans le cadre de la décentralisation, les programmes et services de lutte contre le VIH sont déplacés hors des établissements cliniques, et les réseaux dirigés par les populations-clés sont les mieux placés pour comprendre les besoins et considérations spécifiques nécessaires pour que ces modifications fonctionnent pour les communautés. Il est essentiel de centrer ce travail sur les personnes.

Comment :  Le PEPFAR déclare que les unités organisationnelles doivent avoir pour priorité le maintien de la sécurité et l’efficacité des programmes communautaires pour les populations-clés. Il faut doter le personnel soignant communautaire et les pairs éducateurs de fournitures adaptées en préservatifs, lubrifiants et kits d’autotest[2]. Les unités opérationnelles peuvent envisager d’introduire un sac, un uniforme ou un autre marqueur pour aider à identifier le personnel soignant communautaires auprès des forces de l’ordre et des membres de la communauté comme des personnes exerçant des fonctions essentielles, et leur fournir des documents relatifs à leur rôle ainsi que des autorisations pour continuer à travailler[3]. Dans le même temps, tous les programmes du PEPFAR doivent tenir compte des questions de protection de la vie privée à mesure que les programmes et services aux populations-clés se décentralisent :  Les unités organisationnelles doivent revoir et mettre en place des processus standard pour s’assurer que l’ensemble du personnel soit attentif à la vie privée et à la sécurité lors des contacts à distance avec les patients[4] (par exemple : confirmer la préférence du client pour les appels, les messages vocaux ou la réception de SMS. Pour plus d’informations et de conseils, consultez les Orientations techniques du PEPFAR, page 6). Les organisations dirigées par les populations-clés doivent proposer des avis et des recommandations sur les meilleures façons pour les programmes du PEPFAR de servir et protéger les communautés de populations-clés.

[1] p. 28, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[2] p. 28 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[3] p. 5, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[4] p. 6, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

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Outre l’explication des recommandations ci-dessus contenues dans les Orientations techniques du PEPFAR, MPact a identifié quelques questions toujours en suspens. Voici les éléments manquants qui nécessitent donc votre attention et votre avis :

8.   Financement : ressources supplémentaires ou réaffectation ?

La mise en œuvre des ajustements recommandés par les Orientations techniques du PEPFAR (la décentralisation, l’extension de la délivrance de plusieurs mois, etc.) peut contribuer à soutenir la continuité et la sécurité du programme de lutte contre le VIH pendant la période de la COVID-19[1]. Toutefois, aucun nouveau fonds du PEPFAR n’a été alloué par le Congrès américain à l’heure actuelle,[2] et les Orientations techniques n’indiquent pas clairement quels fonds peuvent être utilisés pour appliquer ces changements[3]. D’autres organismes de financement ont été plus explicites au sujet du montant des fonds disponibles et à leur affectation : par exemple, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a annoncé un assouplissement des subventions pouvant aller jusqu’à 500 millions de dollars US et un dispositif de riposte à la COVID-19 pouvant également s’élever jusqu’à 500 millions de dollars US.

MPact recommande aux responsables de la mise en œuvre des programmes destinés aux populations-clés de garder une trace des ressources nécessaires pour appliquer ces ajustements pendant la COVID-19, et qu’ils fassent part de leurs besoins au PEPFAR.

[1] Organisation mondiale de la santé. « Questions et réponses : VIH, antirétroviraux et COVID-19. » 22 mars 2020. https://www.who.int/fr/emergencies/diseases/novel-coronavirus-2019/question-and-answers-hub/q-a-detail/q-a-on-covid-19-hiv-and-antiretrovirals

[2] Kaiser Family Foundation. « COVID-19 et PEPFAR : Implications pour l’avenir. » 20 mai 2020. https://www.kff.org/coronavirus-covid-19/issue-brief/covid-19-pepfar-implications-for-the-future/

[3]Les orientations énoncent explicitement que les coûts des laboratoires alloués au dépistage du VIH et de la tuberculose ne doivent pas être réaffectés pour la COVID-19 (p. 35), que le déblocage de fonds supplémentaires pour le déploiement de la délivrance plurimestrielle devra être examiné par le bureau de coordination avant que les médicaments soient délivrés (p. 7).

9.  Objectifs : incertitude quant aux changements et aux évaluations

Il y aura presque certainement des perturbations et des périodes d’ajustement au fur et à mesure que les programmes aligneront leur travail sur les nouvelles orientations techniques (par exemple en passant des services directs aux plateformes en ligne). Cependant, il n’est pas clair si les programmes à destination des populations-clés continueront à être évalués en fonction de leurs objectifs initiaux de prévention, de traitement et de conservation.

La seule référence aux objectifs dans les Orientations techniques apparaît dans le contexte du dépistage du VIH. Il est alors reconnu que « la réalisation des objectifs de dépistage du VIH peut être influencée par la COVID-19.[1] » Pourtant, malgré une directive claire visant à étendre et à renforcer l’utilisation de l’autotest du VIH, les Orientations techniques indiquent également que les objectifs d’autotest ne doivent pas être « ajustés de manière prospective », mais plutôt discutés avec les présidents et les responsables[2].

Pour les responsables de la mise en œuvre et les défenseurs des populations-clés, il est difficile de déterminer comment hiérarchiser au mieux les ajustements du programme (surtout en période de ressources limitées) sans avoir une idée de la manière dont la réalisation des objectifs sera évaluée.

MPact recommande que les programmes à destination des populations-clés entreprennent des examens trimestriels de leurs données cibles et convoquent des réunions avec les équipes nationales du PEPFAR pour être informés de l’évolution de la réponse au sein des populations-clés. Cela permettra un retour d’information en temps réel et, idéalement, des corrections de trajectoire immédiates.

[1] p. 14 Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

[2] p. 15, Orientations techniques du PEPFAR dans le contexte de la pandémie de COVID-19. Mise à jour du 15/05/2020. https://www.state.gov/wp-content/uploads/2020/05/05.15.20_PEPFAR-Technical-Guidance-During-COVID.pdf

10.  Programmes pour la santé mentale

Actuellement, les Orientations techniques ne contiennent qu’une brève référence à la santé mentale (page 10), mais rien de spécifique sur les impacts de la pandémie de COVID-19 sur la santé mentale des hommes homosexuels et des populations-clés. Le passage à l’autotest pendant la période de distanciation sociale et les autres mesures de santé publique qui limitent les contacts personnels soulèvent des questions quant au soutien et au conseil appropriés aux personnes nouvellement diagnostiquées, y compris pour les communautés des populations-clés qui peuvent être confrontées à d’autres formes d’isolement social en ce moment. Il serait prudent que le PEPFAR aborde ce sujet plus en détail, car bien qu’il soit utile de suivre les obstacles aux services et d’assurer la prévention de la violence, nous devons également sensibiliser explicitement les prestataires aux besoins psychosociaux et de santé mentale spécifiques des populations-clés.

MPact recommande que les programmes destinés aux populations-clés signalent aux équipes nationales du PEPFAR les lacunes dans le soutien à la santé mentale de ces populations et suggèrent des initiatives qui pourraient y remédier.

N’hésitez pas à nous signaler (Nadia Rafif, directrice des politiques de MPact, nrafif@mpactglobal.org) tout problème ou obstacle que vous pourriez rencontrer, que nous pourrions documenter et signaler au PEPFAR.

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RESSOURCES COMPLÉMENTAIRES

« AVIS À LA COMMUNAUTÉ : Les tests d’index pourraient constituer une menace pour vos droits et votre bien-être. » Février 2020, MPact.

COVID-19 et son impact sur les populations-clés : Une réflexion communautaire. Avril 2020, MPact.
Anglais | Français

Garantir la prise en compte des besoins des hommes homosexuels dans les Plans opérationnels nationaux 2020 du PEPFAR. 30 mars 2020, MPact.

« Foire aux questions – Tests d’index. » Janvier 2020, AVAC.

Fonds mondial Notes d’orientation sur la riposte à la COVID-19

Fonds mondial Instructions de demande de financement du Fonds mondial dans le cadre du dispositif de riposte à la COVID-19

« Lettre ouverte au PEPFAR : Tests d’index. » Janvier 2020, MPact.

Orientations USAID / PEPFAR sur les programmes pour les populations-clés.